Pesticides : interdits ici, exportés là-bas, mortels partout

Carbendazime, acétochlore, thiaméthoxame…

Ces mots aux connotations étranges vous sont inconnus ? C’est normal, il s’agit de pesticides interdits en Europe depuis plusieurs années en raison de leur toxicité avérée pour la santé et l’environnement. Pourtant, Syngenta, Bayer, BASF et autres géants de l’agrochimie continuent de les produire, y compris en Belgique, et de les écouler massivement dans le reste du monde. La Belgique agit dans une incohérence totale, car elle autorise des produits qu’elle ne veut plus chez elle. Comble de l’ironie, ces pesticides interdits nous reviennent sous forme de résidus dans l’alimentation que nous importons.

74 pesticides
dangereux interdits
retrouvés dans nos
fruits et légumes

Jusqu’à
8 pesticides
interdits retrouvés
dans plus de 50%
des sachets de thé

2 fois plus
de résidus de pesticides
interdits dans les
aliments d’origine
végétale importés

Interdits ici, exportés là-bas : quand les profits passent avant notre avenir

Alors que la législation européenne nous protège (partiellement) en interdisant les pesticides les plus dangereux (cancérigènes, mutagènes, reproductifs et endocriniens), elle autorise toujours la production, le stockage et l’export de ces mêmes produits. En 2018, l’Union européenne a ainsi exporté plus de 81 000 tonnes de pesticides interdits. Et ce commerce toxique rapporte gros : en 2018, l’UE a vendu pour plus de 584 millions d’euros de pesticides interdits aux pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay).

 

La Belgique joue ici un rôle majeur : en 2020, elle est le premier exportateur européen de néonicotinoïdes interdits, des pesticides extrêmement toxiques pour les abeilles et la biodiversité, et qui sont produits à Seneffe en Wallonie1Public Eye, « L’UE exporte des milliers de tonnes de “tueurs d’abeilles” interdits sur son sol », 2021.

4000 tonnes

En 2020, la Belgique a produit et exporté plus de 4 000 tonnes de pesticides interdits.

Dans les pays du Sud comme au Brésil, où les cultures de soja et de canne à sucre très gourmandes en pesticides alimentent l’Europe, les pesticides interdits sont légion : 44% des pesticides en circulation dans le pays ne sont pas autorisés dans l’UE. Le manque de protection adaptée des travailleur·euse·s, de formations adéquates, d’autorités de contrôle ou de réglementation efficace engendrent des dégâts colossaux ! Plus de 5 600 brésilien·ne·s sont empoisonné·e·s chaque année à cause des pesticides et plus de 1800 y succombent !2Bombardi L., « Geography of asymmetry:the vicious cycle of pesticides and colonialism in the commercial relationship between Mercosur and the European Union», 2021 La Belgique a une responsabilité directe dans ce désastre : en 2019, elle a exporté plus de 4000 tonnes de pesticides interdits vers plus de 30 pays !

Ce commerce immoral est contraire aux droits fondamentaux. Les Rapporteurs spéciaux des Nations unies pour le droit à l’alimentation et sur les substances toxiques ont clairement affirmé que « le fait d’exposer la population d’autres pays à des toxines dont il est avéré qu’elles provoquent de graves problèmes de santé et peuvent même entraîner la mort, constitue de toute évidence une violation des droits de l’homme »3ONU, Conseil des droits de l’homme, « Rapport de la Rapporteuse spéciale sur le droit à l’alimentation » (A/HRC/34/48), 24/01/2017. C’est pourquoi ils demandent aux États de mettre fin à cette pratique du deux poids deux mesures et d’adopter un traité global contraignant sur les pesticides dangereux.

 

Des traces de ces pesticides interdits sont ensuite retrouvés dans notre alimentation et dans l’environnement. Sur 5800 échantillons alimentaires analysés en Europe, le carbendazime a été retrouvé dans plus de 1600 d’entre eux. Pourtant, ce pesticide est interdit depuis 2009 dans l’UE pour sa toxicité aiguë chez l’humain et ses très sérieux dangers sur la vie aquatique. Rien qu’en 2019, la Belgique en a produit et exporté plus de 100 tonnes vers 12 pays !

5 600 empoisonné·e·s

Plus de 5 600 brési-lien·ne·s sont empoisonné·e·s chaque année à cause des pesticides et plus de 1800 y succombent !

Plus globalement, selon les dernières données disponibles à l’échelle mondiale de l’OMS, les pesticides seraient responsables
de 3 millions d’empoisonnements aigus chaque année,
conduisant à près de 220 000 morts annuelles.

Les agriculteur·ice·s en première
ligne face aux pesticides !

Les agriculteurs et les agricultrices restent les premières victimes des pesticides : maladie de Parkinson, cancers, troubles respiratoires ou cognitifs, perturbation du système endocrinien… Pour se protéger des pesticides, les travailleur·euse·s agricoles doivent se plier à des protocoles de sécurité coûteux et exigeants, ce qui est loin d’être le cas, ici comme ailleurs. 

Si en Europe la reconnaissance de ces maladies avance timidement, dans le Sud global on est loin du compte : 99% des  décès dus aux pesticides ont lieu dans ces pays-là4Le BASIC, « Pesticides : un modèle qui nous est cher », 2021 et les autorités sur place ne sont pas en capacité  de prendre la mesure du problème.

Au niveau social, l’usage des pesticides nuit à l’autonomie des paysan·ne·s.  Le manque d’alternatives conduit les paysan·ne·s dans une spirale de dépendance aux pesticides afin de s’assurer une récolte et des revenus. Cette spirale enrichit l’industrie des pesticides et renforce la précarité économique des paysan·ne·s.

Les travailleur·euse·s
agricoles sont exposé·e·s
à plus de
100 produits
tout au long de leur vie

Plus de
7000 décès
par an en Inde
dus aux pesticides

99% des décès
dus aux pesticides
ont lieu dans les pays
du Sud

Un désastre humain, mais aussi écologique

Les dégâts environnementaux suite à l’utilisation massive de pesticides sont de plus en plus visibles. Tous les éléments vivants (eau, sol, faune et flore) sont aujourd’hui contaminés. Au sein de la communauté scientifique indépendante, le consensus est assez clair: les pesticides perturbent les écosystèmes en impactant la faune (-76% des insectes entre 1976-2017 en Allemagne 5Hallman et al, « More than 75 percent decline over 27 years in total flying insect biomass in protected areas », PLoS ONE, 2017) et épuisent la terre.

Dû à leur persistance, les pesticides demeurent des années dans l’environnement. En se diffusant au sein des écosystèmes, les pesticides menacent notre capacité à assurer notre sécurité alimentaire et à disposer d’un environnement sain dans le futur. On les retrouve ainsi dans les cours d’eau, dans l’eau que l’on consomme, dans les sols… En 2019, 80 % des sols prélevés dans 11 pays européens contenaient des traces de pesticides 6Silva, Mol, Zomer, Tienstra, Ritsema et Geissen, « Pesticide residues in European agricultural soils – a hidden reality unfolded », Science of the Total Environment, 2019!

Stop à ce commerce toxique de
pesticides

L’usage des pesticides ne cesse d’augmenter depuis les années 1990, notamment dans les pays du Sud global.

Alors que dans de nombreux pays du monde, les paysans et paysannes plaident pour une transition accélérée vers l’agroécologie, la disponibilité massive de pesticides à laquelle contribue la Belgique et l’UE perpétue le modèle actuel destructeur de l’environnement, de la biodiversité et de la santé des agriculteurs et des consommateurs.

Au niveau européen, une réforme en cours prévoit d’imposer une réduction de 50 % de l’utilisation des pesticides. Pourtant, si l’UE ambitionne de réduire sa dépendance aux pesticides, rien n’est fait pour le Sud global. C’est ce double standard européen que nous dénonçons. Si ces pesticides sont interdits ici, ils ne peuvent être vendus là-bas ! Des choses bougent : le Parlement européen a pris une position claire, la Commission a ouvert la porte à une régulation. Il faut continuer le combat pour qu’une régulation européenne ambitieuse stoppe la production et l’exportation des pesticides interdits !

La France a déjà montré l’exemple avec une réglementation ambitieuse. En Belgique, la ministre de l’Environnement Zakia Khattabi s’est dite prête à stopper ce commerce toxique. Mais l’affaire s’annonce complexe, car aux enjeux environnementaux et humains se mêlent des intérêts économiques.

 

Stop à ce commerce toxique de pesticides

Nous réclamons donc

L’arrêt de la production, du stockage et de l’exportation des pesticides interdits par l’Union européenne en Belgique ;

L’appui à une régulation européenne ambitieuse en matière de pesticides en commençant par une interdiction européenne de la production, du stockage et de l’exportation des pesticides interdits d’usage sur le sol européen ;

L'engagement de la coopération belge au développement à ne pas soutenir la production et l'usage de pesticides de synthèse à travers ses financements bilatéraux et multilatéraux, et à encourager les initiatives qui s'en libèrent.

La Belgique et l’UE se sont engagées oralement ces derniers mois à mettre fin aux exportations. Signez la pétition et agissez avec nous pour exiger que la Belgique prenne position contre ce commerce cynique et toxique de pesticides interdits.

Stop à ce commerce toxique de pesticides

Nous réclamons donc

La Belgique et l’UE se sont engagée oralement ces derniers mois à mettre fin aux exportations. Signez la pétition et agissez avec nous pour exiger que la Belgique prenne position contre ce commerce cynique et toxique de pesticides interdits.